■ 1992 Lecture de poèmes de Rainer Maria Rilke
 
"Peut-être n'est-on d'aucun pays que de celui de son enfance ."
L'expérience de Rainer Maria Rilke a été de révéler que le pays de l'enfance
est plus imaginaire que réel. Mais cet imaginaire devient plus réel (chargé de sens) que le (pauvre) réel. En effet, il est une terre encore inconnue où les souvenirs les plus anciens et les plus enfouis remontent à la surface et déferlent en vagues en "un perpétuel revoir et reconnaître. " Anamnésis platonicienne.
Le pays de l'éclairement, pour Rilke, fut la Russie lorsqu'il y voyagea la première fois, au printemps 1899.
Alors le présent ainsi dévoilé  devient ouvert  et "... tout ce qui arrive est toujours un commencement " y compris notre propre mort que nous portons en nous comme le fruit son noyau.
Ainsi vivre devient enfanter le temps, enfanter la mort, enfanter Dieu (un Dieu encore inconnu ou à jamais sans nom).
 
L'attention (cette prière naturelle de l'âme), la patience et l'écoute (gestation de l'autre et de soi-même) caractérisent celui qui avec angoisse fait des "choses " d'art. Car l' ouvert   ne devient tel qu'après la longue lutte avec le Terrible,
ce nom de l'inconnu qu'il faut déjà conjurer une première fois pour le nommer Mystère et qu'il faut encore conjurer pour le nommer l'Invisible.
 
"Nous n'habitons pas vraiment chez nous dans le monde interprété " et celui
qui en constitue le double et le nourrit, l'espace intérieur du monde , c'est dans l'intimité du coeur qu'il est recueilli.