Afonso Alves da Silva / Vida Nova (maître de capoeira - maculêlê).
■2003 Le bruit du sang
 
Théâtre de poésie :
images musique danse langue des signes
 
Un chant funèbre Pygmée traduit en langue des signes.
 
Une peinture murale à la bombe anonyme (un visage-masque négroïde)
évoquant “une forme primitive, millénariste, communautaire, non élitiste d’Expressionnisme Abstrait”.
Propos du critique Jay Jacoks cités par Baudrillard : L’échange symbolique
et la mort (1976)
Le masque est à prendre dans son symbolisme le plus archaïque :
il représente un mort.
 
Une toguna était en Afrique de l’Ouest un abri pour les sages :
neuf pieux disposés en carré soutenant des branchages couchés
en guise de toiture et  pas de murs.
Un abri ouvert à tous les vents où l’on transmet ce qu’il importe
de savoir pour affronter la mort.
 
À partir de ces trois éléments esthétiques sont développées
trois propositions  :
 
“Celle qui se souvient”
confectionne des petits bateaux de papier dans un “champ spectral”.
Elle confectionne des petits bateaux de papier pour signifier d’anciens
rituels de deuil.
Dans le monde contemporain, une personne en deuil se trouve dans
une situation comparable à celle de tous les handicapés. “La vie est
trop courte pour s’habiller triste !”  Tel est le slogan des gens pressés ...
“Celui qui s’est laissé surprendre par les images”
commence par se battre (comme tout un chacun) contre un masque.
Ce masque est l’équivalent d’une “Vanité”. Le bâton devient la rame
d’une barque tout comme l’homme devient le passeur pour les âmes
errantes.
   
Le récitant lit le texte, c’est donc, à la lettre, une image qu’il propose.
Dès lors, l’évocation du feu devient
- et la métaphore de cette lumière qui est en l’homme,
- et la métonymie de ce feu qu’évoque le texte.
 
Ce parti pris esthétique s’inscrit en faux dans le décours actuel des rituels
funéraires en Occident mais veut signifier que le Symbolique peut être
reconfiguré autrement, que la tradition ne se perpétue qu’à ce prix.
 
La lecture de Louis-Vincent Thomas (Anthropologie de la mort, 1975,
Leçon pour l’Occident : ritualité du chagrin et du deuil en Afrique noire, 1995)
et celle de Jean Baudrillard (L’Échange symbolique et la mort, 1976)
ont été déterminantes.
 
Note :
Louis-Vincent THOMAS pense que la mort est un fait universel et général,
que l'histoire n'intervient que dans sa spécification et que la civilisation
négro-africaine est beaucoup moins anxiogène que l'occidentale telle
qu'elle existe aujourd'hui.
Il conteste l’analyse de Herbert Marcuse (Éros et civilisation, 1971) selon
qui la peur de la mort est un phénomène ancestral, historique.
Thanatos (l'instinct de mort) opèrerait sous la direction du principe
de plaisir (Nirvâna). Ce dernier principe tendant vers un état sans besoin,
la satisfaction des besoins entraînerait une baisse suffisante des tensions
intérieures pour que le principe du Nirvâna (à la base de la pulsion de mort)
soit satisfait. Selon Marcuse, la valeur instinctuelle de la mort serait ainsi modifiée. “La mort, comme toutes les autres nécessités, pourrait être
considérée par chacun comme un phénomène biologique et vécue rationnelle
et indolore. La libération de l'homme entraînerait une libération de sa peur
de la mort.” (Éros et civilisation, Édit. de Minuit, 1971, pp. 211-216).
< Anthropologie de la mort
Note (2) page 302 >
 

CONCEPTION :
Textes, images, scénographie, mise en scène : Christian Le Bars.
 
DISTRIBUTION :
Violoncelliste : Géraldine Devillières.
Comédienne en langue des signes : Delphine Saint-Raymond.
Danseur de capoeira / maculêlê : Afonso Alves Da Silva.
Création lumières : Christian Toullec.
 
RÉALISATION :  ARTEFACT<-> Multiplicateurs de progrès