C’est le titre du Master que j’ai soutenu en 2003.
Alors que dans “Du mouvement et de l’immobilité des images” je traite essentiellement de “ce que l’écriture doit au cinéma”, ici on ne trouvera que ce qui concerne plus spécifiquement la photographie.
Selon Roland Barthes, la photographie représente une révolution anthropologique dans l’histoire de l’homme car elle délivre pour la première fois des messages sans code (comme ceux de la nature) et elle implique un nouveau type de conscience, une catégorie nouvelle de l’espace-temps, l’avoir-été-là : conscience “locale immédiate” et conscience “temporelle antérieure”.
La Chambre claire. Note sur la photographie (1980).
Cette révolution anthropologique Régis Debré l’appelle ‘‘révolution indicielle’’ et la caractérise ainsi :
« Les dynamiques de l’image et du mot ne sont pas de même nature ni fléchées dans le même sens. Les mots nous projettent vers l’avant, l’image en arrière, et ce recul dans le temps de l’individu comme de l’espèce est un accélérateur de puissance. L’écrit est critique, et l’image narcissique : l’un éveille, l’autre peut endormir la vigilance et même doucement hypnotiser. »
Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident, 1992
Marshall McLuhan avait déjà constaté / diagnostiqué que « l’homme occidental n’a reçu jusqu’ici aucune préparation, aucun équipement, qui lui permette de faire face aux nouveaux média en leurs propres termes. » Et il préconisait que « idéalement, l’éducation [devrait être] une entreprise de défense civile contre les retombées des média. »
La Photographie. Le bordel imaginaire
in
Pour comprendre les média (1964)
Par ailleurs, « Bertolt Brecht aimait à dénoncer, d’une formule malheureusement oubliée, ce qu’il appelait ‘‘le mythe de l’immaculée perception.’’ La compréhension ne découle jamais de la seule perception. Il ne suffit pas de voir pour comprendre, ni au théâtre, ni en photographe, ni dans aucun autre domaine d’ailleurs. C’est pourquoi ‘‘montrer’’ contient toujours le risque de ‘‘tromper’’. Pour éviter les mauvaises lectures des images, il n’y a de solution que dans leur “contextualisation”. »
Par conséquent il importe de comprendre que « c’est le regard qui constitue l’image en espace à habiter et à transformer » alors que « le “visuel” nous entoure sans nous envelopper et nous influence sans participer à la transformation de nos processus psychiques. »
Les ateliers d’écriture que je conçois à partir de photos sont articulés autour des trois fonctions de l’image :
- signification (à laquelle la linguistique les a réduites),
- enveloppement,
- transformation,
et autour des trois portes d’entrées dans l’image.
En outre, elles comportent deux volets :
L’IMAGE COMME TERRITOIRE À EXPLORER
L’IMAGE COMME OPÉRATEUR DE TRANSFORMATIONS
Petite bibliographie :
La Chambre claire. Note sur la photographie,
Cahiers du cinéma - Gallimard - Seuil (1980)
Petite histoire de la photographie
in Oeuvres II
Folio essais / Gallimard (2000)
Anne-Marie CHRISTIN
L’image écrite ou la déraison graphique
Flammarion (1995)
Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident
Gallimard (1992)
L’Image fantôme
éd. de Minuit (1981)
La photo, inéluctablement
(recueil d’articles sur la photographie 1977-1985)
Gallimard (1999)
Stéphane LOJKINE
Image et subversion
éd. Jacqueline Chambon (2005)
Pour comprendre les média (1964)
1968 pour l’édition française Mame - Points/Seuil
Image, icône, économie
Le Seuil (1996)
Le commerce des regards
Le Seuil (2002)
L’image peut-elle tuer ?
Bayard (2002)
Quand j’étais photographe
Babel / Actes sud (1998)
La Photographie
Seuil (1979)
Psychanalyse de l’image. Des premiers traits au virtuel
Dunod (1995 -1997)
Le bonheur dans l’image
Les Empêcheurs de tourner en rond - Synthélabo Groupe (1996)
Le mystère de la chambre claire. Photographie et inconscient
Les Belles Lettres (1996)
Champs/Flammarion (1999)
Y a-t-il un pilote dans l'image ?
Aubier (1998)
Des clefs et des serrures. Images et proses
Éditions du Chêne (1979)
Sylvie YVONNET
Deuil et photographies (mémoire)
Université Victor Segalen Bordeaux 2 (2000)